Professeur à la Sorbonne (1955-1971)

Professeur à la Sorbonne (1955-1971)

Le 30 avril 1955, Georges Canguilhem soutient en Sorbonne sa thèse principale pour le doctorat-ès-lettres (philosophie), dirigée par Gaston Bachelard, intitulée La formation du concept de réflexe aux XVIIe et XVIIIe siècles. Il est élu le 4 juillet 1955 par le Conseil de la Faculté pour succéder à Gaston Bachelard à la chaire d’Histoire et de philosophie des sciences et à la direction de l’Institut d’histoire des sciences et des techniques (couramment désigné également par l’expression « la rue du Four »). Cette même année, il s’installe définitivement à Marly-le-Roi.


Médaille à l'effigie de Gaston Bachelard par Ch. Auffret
ENS-CAPHÉS, Fonds Canguilhem, GC 44
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ENS-CAPHÉS, Fonds Canguilhem, CAN 3270
 
Depuis novembre 1954, la rébellion algérienne aggrave la crise politique qui secoue la France. Libéré désormais de l’obligation de réserve qui s’impose à tout haut fonctionnaire, il prend rapidement position à de nombreuses reprises sur ces événements, signant avec d’autres intellectuels et des syndicalistes des appels à la paix et des pétitions.
Entre 1958 et 1961, il publie des articles dans La Dépêche du Midi dont le rédacteur en chef était son ami Joseph Barsalou (1903-1992) qu’il avait connu à Clermont-Ferrand. Le premier, intitulé « De la République des professeurs à la République des colonels » paraît le 13 août 1958, quelques jours avant la présentation par de Gaulle du projet de nouvelle constitution.
Fidèle aux idéaux de sa jeunesse, il défend la vision d’une République qui « subordonne l’économique non seulement au social, mais aussi au politique, les intérêts à l’égalité, et les hiérarchies de fait aux normes de la justice ». (Cf. OC, IV, p. 23-25)
Défenseur de la laïcité, il s’insurge contre les subventions à l’école privée, introduites dès 1951 par les lois Barangé et Marie, car il considère que le caractère public et laïque de l’école est « la pierre angulaire » du régime républicain. (OC, IV, p. 897).
ENS-CAPHÉS, Fonds Canguilhem, GC 26.2.4
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ENS-CAPHÉS, Fonds Canguilhem, GC 26.2.4
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ENS-CAPHÉS, Fonds Canguilhem, CAN 1387
 


Surviennent les événements de mai-juin 1968. Dominique Lecourt évoque sa présence dans les manifestations de la Sorbonne en ces termes : « De ma place au milieu de l’amphi, je pouvais voir le visage de Canguilhem qui avait choisi de s’asseoir non parmi ses collègues dans les premiers rangs, mais par terre en tailleur derrière l’orateur. L’attention tendue, il goûtait ce spectacle avec une jubilation à peine dissimulée. Cette attitude publique, Canguilhem ne s’en départit pas durant les mois de mai et juin. La Sorbonne occupée, contrairement à nombre de ses collègues, il ne se retira pas sur ses terres en attendant des jours meilleurs. Il assista silencieux, d’abord amusé puis de plus en plus exaspéré, au grand carnaval des AG ». En réponse aux critiques faites à l’Université traditionnelle, de Gaulle décide de confier à Edgard Faure, ministre de l’Éducation nationale, le soin de créer un centre expérimental universitaire à Vincennes. Une commission préparatoire de 24 membres, qui, pour garantir leur indépendance, ne pourraient postuler à Vincennes, est formée : chez les philosophes on y trouve Georges Canguilhem et Vladimir Jankélévitch. C’est à Michel Foucault que sera confiée la direction du département de philosophie.