Étudiant, enseignant, chercheur

Le parcours académique de Gérard Simon, soigneusement documenté dans ses fonds, constitue un témoignage précieux pour connaître l’histoire des institutions qu’il a fréquentées et les réseaux académiques où il était inséré. Il permet ainsi de comprendre le développement de sa pensée dans son contexte historique. Les échanges qu’il a entretenus avec ses contemporains, dont certains des penseurs français les plus importants du XXe siècle, montrent la richesse du champ intellectuel dans lequel il a pu se déplacer, se construire et contribuer avec son œuvre. Ainsi, le CAPHÉS conserve des notes de cours, des correspondances et documents renvoyant à des institutions comme l’École normale supérieure (ENS), l'Université Lille 3, des revues scientifiques (La Pensée, Revue d’histoire des sciences), et à des auteurs comme Michel Foucault, Georges Canguilhem, Claude Lévi-Strauss, Louis Althusser ou Pierre Nora.
Gérard Simon rentra à l’École normale supérieure dans la promotion littéraire de 1951, en même temps que Pierre Bourdieu et Paul Veyne, avec qui il restera en contact pour le reste de sa carrière. Ses notes attestent des cours et séminaires qu’il a suivis dans les années 1950, avec des personnalités comme Michel Foucault (ses cours sur la causalité psychologique, l’histoire de l’anthropologie,  Nietzsche, la cybernétique), Georges Canguilhem, Paul Ricœur, Michel Serres, Maurice de Gandillac ou Louis Althusser, chargé d’encadrement pédagogique des normaliens philosophes de 1948 à 1980, et qui eut une influence marquée sur le militantisme communiste du jeune Gérard Simon.



Il passa l’Agrégation de philosophie dans les années 1960, laquelle nécessitait avant 1966 d’obtenir un Diplôme d’études supérieures en plus de la licence. Il choisit pour cela un sujet de recherche portant sur l’optique cartésienne, « L’apport de la Dioptrique aux idées du XVIIe siècle sur la nature de la lumière », dont le travail préparatoire ainsi que la version définitive sont disponibles dans les archives.
C’est d’ailleurs cette première approche de la recherche qui guida ses premières années de préparation de thèse : celle-ci allait porter sur la rupture épistémique caractérisant le passage de l’optique képlérienne au mécanisme cartésien. Se rapprochant progressivement de Kepler, et au vu de la richesse de son œuvre, celle-ci se précisa pour devenir un travail monographique sur l’astronome allemand, Structures de savoir et objets de pensée chez Kepler (1976). Une réflexion menée sur quinze ans se trouve documentée par toutes sortes de documents, à commencer par ses premières correspondances avec son directeur, Ferdinand Alquié, puis des rapports, des textes, des résumés et sa soutenance.
Les archives nous offrent également des informations sur les processus éditoriaux des livres de Gérard Simon, des négociations avec les maisons d’édition à la réception des ouvrages par ses contemporains (correspondances, recensions de revues, entretiens, etc.). Finalement, c’est aussi la vie d’enseignant de Gérard Simon que l’on retrouve dans ses fonds : leçons de CAPES et d’Agrégation, cours et conférences, ainsi que direction de thèses de doctorat. On retrouve parmi les auteurs qu’il a enseignés Saint Augustin, Descartes, Foucault, Kant, Lévi-Strauss, Marx et Merleau-Ponty entre autres.
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