Journée d'études organisée par le CAPHÉS et l'université de Lille en 2015

Argument

À une époque où la tentation était forte de réduire l’histoire de la science classique à celle de la mathesis universalis, Gérard Simon (1931-2009) a ouvert une voie parallèle originale, en consacrant une vaste monographie à Kepler. Celui-ci y est décrit comme un Janus bifrons, dont une face regarde vers l’astronomie, les mathématiques, la découverte des trois lois, tandis que l’autre est tournée vers le passé, les sciences curieuses, l’astrologie, la tératologie, l’animisme… bref tout ce qui depuis a été évincé du royaume de la science, et que les historiens regardaient tout au plus chez Kepler comme une curiosité amusante, et une survivance d’un passé aussi inutile que pittoresque. C’est à comprendre cette dualité indissoluble (astronomie-astrologie) qu’a travaillé Gérard Simon, avec un parti-pris qui pourrait passer pour foucaldien (celui de n’accorder aucun privilège d’intelligibilité à l’un ou l’autre de ces visages) mais qui ne l’est nullement, ne fût-ce que parce qu’il aborde Kepler dans une forme de systématicité close. Les principaux acquis de ce grand ouvrage ont ensuite permis de revisiter complètement l’optique ancienne et moderne, moins du strict point de vue de l’histoire des sciences, que du point de vue large, philosophique, et compréhensif, de la « mutation des savoirs ». Cette journée a témoigné de l’actualité d’une pensée qui a exercé une influence durable sur toute une génération d’historiens et de philosophes.

Programme :

Matinée (Salle Prestige 1) : Présidence de Jean Celeyrette (STL)

  • 9h – Ouverture
  • 9h15 – Isabelle Pantin (ENS Paris, IHMC) : Kepler astronome astrologue : une révolution en histoire des sciences ?
  • 10h – Delphine Bellis (Radboud Universiteit Nijmegen) : L’optique comme science de la vision chez Gérard Simon.
  • 10h45 – Pause
  • 11h15 – Philippe Hamou (Université Paris-Ouest, IRePh) : Des peintures dans la tête. Les avenues post- keplériennes de la théorie de la vision

Après-midi (Salle Langevin) : Présidence de Bernard Joly (STL)

  • 14h – Édouard Mehl (Université de Lille, STL) : « Structures de pensée » et « objets du savoir » chez Gérard Simon.
  • 14h45 – Sabine Rommevaux (CNRS, SPHERE) : Pourquoi Gérard Simon m’a-t-il suggéré d’étudier la construction keplérienne des logarithmes ?
  • 15h30 -Pause
  • 16h – Nicolas Roudet (Bibliothèque de l’Université de Strasbourg) : Gérard Simon aujourd’hui
  • 16h45 – Nathalie Queyroux (CNRS, Centre documentaire du CAPHÉS), présentation du fonds documentaire et de l’exposition temporaire

Affiche

Delphine Bellis, L’optique comme science de la vision chez Kepler

Philippe Hamou, Des peintures dans la tête. Les avenues post-keplériennes de la théorie de la vision

Édouard Mehl, "Structures de pensée" et "objets du savoir" chez Gérard Simon

Isabelle Pantin, Kepler astronome astrologue : une révolution en histoire des sciences ?

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