Présentation des fonds

En 2009, la famille de Gérard Simon a confié au Centre d’Archives en Philosophie, Histoire et Édition des Sciences (CAPHÉS, unité de service du CNRS en partenariat avec l’École normale supérieure de Paris) sa bibliothèque et ses archives personnelles, dont la majeure partie était rassemblée dans son bureau. Ces deux fonds, intimement liés, témoignent de sa formation, de ses intérêts intellectuels, de ses engagements politiques et du monde intellectuel auquel il appartenait. Il est à relever qu’il y avait aussi au domicile de Gérard Simon, en dehors de son bureau, une bibliothèque de littérature générale très fournie (comprenant en outre des mémoires d’hommes politiques, engagés dans l’histoire ou insérés dans le social tels Montluc, Machiavel, Saint-Simon, Napoléon Bonaparte, et de nombreux auteurs de la collection « Terre humaine » aux éditions Plon…) ainsi que, dans une autre pièce, une vaste bibliothèque de science-fiction, genre littéraire que le chercheur prisait (Isaac Asimov, Philip K. Dick, Frank Herbert, Stephan Wul, etc.)
La bibliothèque léguée au CAPHÉS compte 1814 titres, dont 1305 monographies, 188 tirés à part, 80 extraits de revues, 48 thèses, 66 congrès et 26 titres de revues. Pour leur part, les archives ont été inventoriées et sont constituées par 39 cartons contenant des documents variés et inédits sur la formation de l’historien, son enseignement, son parcours académique et politique, sa participation à des colloques et à des congrès, ainsi qu’une riche correspondance entretenue avec ses contemporains. On y trouve des notes de cours et lettres d’auteurs tels que Michel Foucault, Claude Lévi-Strauss, Georges Canguilhem, René Taton, Pierre Nora, Paul Veyne, Pierre Costabel, Bernard Joly ou Maurice Clavelin. Le CAPHÉS met à disposition désormais l’intégralité de l’œuvre de Gérard Simon ainsi qu'une très grande partie de ses références bibliographiques et plus largement intellectuelles.
Le fonds Gérard Simon comporte des documents et des ouvrages en lien avec les archives d’autres auteurs également conservés au CAPHÉS : on relève dans sa bibliothèque les publications de Georges Canguilhem, Pierre Costabel, François Jacob, Jean-Jacques Salomon et Armelle Debru. Il est ainsi possible d’établir entre eux un dialogue enrichissant à partir de leurs objets d’études partagés et la multiplicité des points de vue qu’ils ont développés. Énumérons par exemple leurs  travaux sur Descartes et le mécanisme, sur la science antique, ou bien sur la « révolution scientifique » de la modernité.
Rappelons qu’à ceci s’ajoute un corpus bibliographique et documentaire privilégié pour la recherche, puisque sont également présents au CAPHÉS les archives de l’Académie internationale d’histoire des sciences, de l'Union internationale d'histoire et de philosophie des sciences (Division Histoire des sciences et des techniques), et les archives de la Société française d’histoire des sciences et des techniques, autant de sociétés savantes et d’associations scientifiques dont Gérard Simon était membre.
Il a été également impliqué en tant que membre du Comité de rédaction de la Revue d’histoire des sciences, qui est élaborée au CAPHÉS et qui a publié en 2007 un numéro spécial pour lui rendre hommage (tome 60-1), rassemblant les actes d’un colloque organisé par Bernard Joly et Sabine Rommevaux. Un autre hommage lui a été rendu le 7 octobre 2015 lors d'une journée d’études organisée au CAPHÉS par Édouard Mehl (Université de Lille, STL) et Nathalie Queyroux (CAPHÉS), et intitulée « Gérard Simon, le philosophe et l’historien ». Ces deux manifestations ont cherché à mettre en valeur la richesse intellectuelle de l’œuvre de Gérard Simon et ont souligné son rôle pionnier dans la mise en circulation de nouvelles perspectives, notions et méthodologies pour l’histoire des sciences qui de nos jours se sont généralisées.
La diversité des approches disciplinaires et théoriques qui ont alimenté la pensée de Gérard Simon se trouve matérialisée dans ses fonds par une collection bibliographique exhaustive : philosophe de formation, il a réuni un corpus de textes canoniques (Aristote, Platon, Plotin, Malebranche, Descartes, Marx, Spinoza, Leibniz, Diderot, Rousseau, Hegel, etc.) et contemporains (Louis Althusser, Raymond Aron, Jacques Derrida, Gilles Deleuze, Michel Foucault, Paul Ricœur, Jean-Paul Sartre, Edmund Husserl, Martin Heidegger, Maurice Merleau-Ponty, Pierre Macherey), ainsi que des livres d’histoire de la philosophie (Ferdinand Alquié, Yvon Belaval, Jean Dumont, Martial Guéroult, Gilbert Kirscher, Emilienne Naert, Pierre Trotignon), d’histoire des sciences (représentée par ses contemporains et collègues comme Pierre Costabel, Maurice Clavelin) et des œuvres d’histoire devenues classiques (Fernand Braudel, Lucien Febvre, Pierre Chaunu, Georges Duby, Emmanuel Le Roy Ladurie, Jacques Le Goff, Pierre Gaxotte, Paul Veyne). Ses affinités théoriques sont représentées par une collection très complète d’ouvrages de Claude Lévi-Strauss, Michel Foucault, Georges Canguilhem et Alexandre Koyré. À ceci viennent s’ajouter de nombreux livres traitant d’anthropologie, de linguistique, de psychanalyse, de biologie et de questions médicales.
Les archives personnelles de Gérard Simon offrent au lecteur un contenu ample et pluriel qui reste cohérent. Elles constituent le champ intellectuel où il a construit son épistémologie originale et à partir duquel il a mené des recherches fécondes.
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